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Octogénaire, Lady M cultive l'élégance fanée des courtisanes de grande classe et les regrets de ses splendeurs passées. Chaque matin, elle entre en marchant dans la mer, au bras d'un plagiste de soixante ans son cadet. Que le jeune éphèbe en profite pour lui barboter ses bagouzes n'a rien pour déplaire à la vieille : l'arnaque bien menée fut l'affaire de sa vie, et les dispositions du mignon éveillent en elle l'idée d'en faire son élève. Comme un baroud d'honneur. Sur un air de chair triste et de dernier tango. 

Voilà des années que je ne m’étais pas plongé dans un San-Antonio et encore moins dans ce qui est à mes yeux, son chef-d’œuvre. Fidèle à lui-même, le langage est cru voire vulgaire, mais tellement bien ciselé, mis en forme, écrit. Le maniement de la langue française atteint sans doute des sommets pour celui qui restera l’un des écrivains principaux de la seconde moitié du XXe siècle. Un plaisir à lire et surtout à entendre. 

La dernière à avoir donné vie à Lady M. fut Jeanne Moreau (accompagnée de Michel Serrault dans le rôle de Pompilius) dans un film très en deçà de l’œuvre de Frédéric Dard. 

La version mise en avant aujourd’hui est lue (et interprétée) par Chantal Neuwirth qui donne à cette Vieille une nouvelle dimension. Elle joue, avec sa voix un rien rocailleuse, de manière incroyable les longues tirades et les joutes verbales qui émaillent ce livre.

Ce livre relève de la madeleine de Proust. Une sorte de plaisir coupable tellement jouissif. Un régal. Lady M. vous prendra aux tripes et nous vous lâchera pas. 

Stéphane.
 

sdumas